EWL press coverage

Les manquements européens en matière de viols

Le Lobby Européen des Femmes (LEF), coupole de plus de 2.000 associations féministes européennes, a présenté mardi au Parlement Européen son Baromètre 2013 consacré au viol. Les experts de l’Observatoire du LEF sur la violence envers les femmes ont analysé les actions mises en place par 32 pays européens en matière de lutte contre le viol. La Belgique, comme beaucoup d’autres pays, apparaît en retard quant à sa législation et ses statistiques. Quelque 4.038 viols y ont ainsi été recensés en 2011.

Le groupe d’experts a coté chaque pays sur leur législation d’une part, comparée aux minima établis par la Convention d’Istanbul, et leur système de récolte de données concernant les victimes de viol d’autre part.

La Belgique a reçu une cote de 2 sur 4 pour sa législation en matière de prévention, répression et protection des victimes. Elle n’est ainsi actuellement pas en mesure de respecter la Convention d’Istanbul. Vingt autres états sont classés dans la même catégorie, comme la France et l’Espagne. Pour le volet "collecte de données", la Belgique fait pire avec une note de 1. Ce qui correspond à une absence totale de données officielles.

Au-delà de ces cotations, le LEF critique aussi l’utilisation pas toujours adéquate du "Set d’Agression Sexuelle" qui permet de récolter et d’analyser l’ADN de l’agresseur, le manque de cohérence dans les verdicts de la justice, et l’absence de statistiques différenciées selon les sexes. Le chapitre du rapport consacré à la Belgique insiste également sur un chiffre perturbant : en 2011, le ministère public a dénombré 4.038 viols, soit 11 par jour en moyenne.

Comment se classe le reste de l’Europe? En matière de législation, six pays apparaissent très en retard par rapport à la Convention d’Istanbul : la Bulgarie, la Hongrie, la Serbie, la Lituanie, Malte et l’Ukraine. Le LEF s’inquiète notamment du fait qu’à Malte, le viol soit défini par la loi comme un crime contre "la paix et l’honneur des familles" ou de la possibilité pour l’agresseur d’éviter les sanctions en épousant sa victime, en Bulgarie. Cinq pays ont par contre une législation jugée suffisante, voire excellente: l’Irlande, l’Italie, la Turquie, les Pays-Bas et le Royaume-Uni.

Le rapport pointe enfin qu’une majorité des pays étudiés (18 sur 32) n’a aucun service ni aucune ligne d’aide spécifique destiné aux femmes violées, et que la collecte de données est généralement extrêmement limitée, ou même inexistante.

La Convention d’Istanbul, appelée officiellement la "Convention du Conseil de l’Europe sur la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique", est encore en cours de ratification. Ouverte à signature en 2011, elle définit un cadre légal pour la prévention et la répression des actes de violence envers les femmes. Il faut que dix États, dont au moins huit membres du Conseil de l’Europe, ratifient le traité pour que celui-ci entre en vigueur. Ils ne sont que quatre à l’avoir fait actuellement: l’Albanie, le Monténégro, le Portugal et la Turquie.

Latest video

EWL event "Progress towards a Europe free from all forms of male violence" to mark the 10th aniversary of the Istanbul Convention, 12 May 2021.

Facebook Feed

Get Involved