European & International News

Avortement et éducation sexuelle : Campagne ‘Si je veux’ au Luxembourg

CONFERENCE DE PRESSE DU PLANNING FAMILIAL DU 17 FEVRIER 2009

Votée sous le gouvernement libéral socialiste de Gaston Thorn en novembre 1978, la loi relative à l’information sexuelle, la prévention de l’avortement clandestin et la réglementation de l’interruption de grossesse a 30 ans. Cela représente une génération de femmes. Il est donc grand temps de dresser un bilan, de tirer les leçons de son application et de prendre position pour l’avenir.

Les élections législatives auront lieu le 7 juin prochain. Par conséquent, le Mouvement pour le Planning Familial et l’Education Sexuelle s’adresse aux décideurs politiques actuels, aux candidats et futurs élus et à la société civile toute entière en faisant campagne pour :

La libéralisation de l’interruption volontaire de grossesse et
la mise en place d’une vraie politique de santé sexuelle et reproductive

1. Cette campagne a un slogan et une image

Un slogan :

SI JE VEUX ! résonne familièrement aux oreilles de la génération de femmes, et d’hommes aussi comme au Luxembourg, qui se sont battus pour que soit reconnu le droit des couples, puis des individus à choisir d’avoir un enfant ou non, quand et combien.

Au Luxembourg, ils étaient fondateurs, membres, supporters de « La Famille Heureuse », premier nom de l’association. Aujourd’hui, fidèles à l’esprit du Mouvement, les membres actuels continuent d’agir pour que les avancées en matière de droits sexuels et reproductifs obtenus grâce à la signature de conventions (telles que celle sur l’élimination de toutes formes de discrimination à l’égard des femmes) ou lors de conférences internationales majeures, (la Conférence Internationale sur la Population et le Développement du Caire, la Conférence Mondiale sur les Femmes de Pékin), soient appliquées et respectées.

C’est pour que les cellules familiales d’aujourd’hui, dans toutes leurs diversités, soient fondées sur un choix libre et responsable en matière de fécondité que nous faisons campagne. Finalement c’est pour que soient réunies toutes les conditions, certes pas suffisantes, mais nécessaires pour construire une « Famille Heureuse », comme en 1965 lorsque fut crée le Mouvement.

Revenons sur la ou plutôt, les significations de ce slogan et les raisons de ce choix.

Dans SI JE VEUX !, le « JE » est au centre. L’individu est au coeur du processus de décision. Il doit pouvoir faire un choix pour ce qui le concerne de façon responsable càd éclairée (sur base d’une information adaptée et complète) et libre (en l’absence de contrainte et de violence).

Faire un choix pour soi-même lorsque son propre corps, dans son intimité profonde est en cause, est une question d’égalité et de liberté individuelle, de dignité telles qu’inscrites dans la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme.

SI JE VEUX pour « si je veux un rapport sexuel » suppose le respect, le consentement de la partenaire et « dans quelles conditions je veux un rapport sexuel » (consenti, protégé, etc.).

SI JE VEUX pour « si je veux me marier et avec qui» soulève le problème des mariages forcées et des mariages de mineur-e-s, mais respecte le libre choix des adultes, y compris homosexuel.

SI JE VEUX pour « si je veux un enfant » implique un accès à tous les services de santé (tels que dépistage des maladies sexuellement transmissibles, des cancers féminins, surveillance optimale de la grossesse et de l’accouchement y compris techniques de procréation médicalement assistée) et la possibilité d’accueillir cet enfant dans de bonnes conditions, y compris matérielles et financières (places de crèche, garderies, congé parental, aides au logement, allocations familiales, etc.).

SI JE VEUX pour « si je ne veux pas d’enfant » revendique l’accès à tous les services de santé sexuelle et reproductive, c’est-à-dire :

  • à une information sexuelle et affective de qualité,
  • aux moyens de contraception les mieux adaptés à chaque situation de vie avec une prise en charge par le système d’assurance sociale,
  • à une interruption volontaire de grossesse légale et remboursée par la caisse de maladie.

2. Cette campagne a un slogan et une image

Une image :

Au regard d’une transmission de la couronne à une femme et dans une perspective d’égalité des sexes et d’équité entre les genres, le Planning Familial a choisi de donner au symbole doublement masculin du pouvoir, une représentation féminine.

lux si je veux

Par ce choix, certes audacieux, le Planning Familial veut provoquer ce débat politique sur la question des droits sexuels et reproductifs qui n’arrive pas à avoir lieu au Luxembourg. La proposition de loi de Lydie Err, déposée au moment du référendum portugais en 2007, est en effet tombée rapidement aux oubliettes.

Le Planning Familial veut ainsi interpeller le gouvernement car de toute évidence, 30 ans après la loi sur l’information sexuelle, la prévention de l’avortement clandestin et la réglementation de l’interruption volontaire, le bilan de son application est mauvais.

A la lecture des statistiques communiquées à l’OMS, l’Organisation Mondiale de la Santé, l’avortement n’existe pas au Luxembourg. C’est, à notre avis révélateur, d’un profond malaise. Un pays qui ne veut pas voir les faits qui sortent du cadre théorique établi par une certaine classe politique, religieuse et sociale, n’est pas adulte. Pas étonnant donc que l’Etat ait transféré ses responsabilités à ses voisins libéraux belges, néerlandais, français, anglais, espagnols, etc.
Voilà pourquoi le marché parallèle de l’avortement est tristement florissant au Luxembourg, entre fausses couches et autres curetages pour les gens bien nés et tourisme forcé pour les moins chanceuses qui sont les plus nombreuses.

En ce qui concerne le 1er volet de la loi, c’est-à-dire l’information sexuelle, là encore le pessimisme domine.
En effet, lorsqu’au plus haut niveau de la société, ces questions sont taboues, comment imaginer qu’il n’en soit pas de même dans la sphère privée, scolaire, médicale, etc… avec les dégâts que nous constatons au quotidien lors des consultations médicales ou à l’occasion des nombreuses séances d’éducation sexuelle et affective.
L’application de la loi n’est pas bonne .Les cours spéciaux pour les enseignants prévus n’existent pas. Le demi poste dont dispose le Planning Familial pour assurer cette mission d’information, est une goutte d’eau dans l’océan.

3. Nos revendications de campagne

Le Planning Familial ne peut pas rester silencieux et cautionner un système où

  • l’éducation sexuelle et affective est largement insuffisante
  • l’accès à la contraception est limité puisque non remboursée
  • l’IVG reste soumise à des indications restreintes
  • où l’on expulse la plupart des femmes et des mineures en demande d’IVG, à l’étranger.
    Cette campagne est un plaidoyer nécessaire et urgent pour un accès général à l’information et à des services complets de planification familiale, y compris un avortement sûr et légal, intégrés dans un programme global de santé sexuelle et reproductive.

C’est une question de volonté et de courage politique SI JE VEUX, JE PEUX !

Du courage et de la volonté politique, l’actuel Ministre de la Santé, Mars di Bartolomeo, en a eu en octroyant au Planning Familial l’agrément nécessaire pour pratiquer, dans les conditions prévues par la loi, des IVG médicamenteuses dans son centre de Luxembourg. Le Planning Familial lui en est très reconnaissant. De même, du côté de la Villa Louvigny, le remboursement prochain de la contraception, en toute ou partie, pour les jeunes ou pour toutes les femmes, rien n’est encore ficelé- est un sujet d’actualité.

Si l’accès à l’IVG se trouvera très prochainement amélioré, le Planning Familial redoute déjà la saturation de ses possibilités matérielles, faute de locaux notamment. Le nombre de demandes enregistrées jusqu’à mi-février montre une tendance à la hausse, 280 IVG par an à comparer à moyenne de 150 demandes annuelles sur les 3 dernières années. Nous pensons que l’annonce de la future pratique d’IVG médicamenteuse a déjà franchi les portes du Planning Familial. Nous sommes pourtant encore loin des 1000 à 1200 IVG annuelles estimées à partir d’une moyenne des taux observés chez nos voisins.

Une partie cachée de l’iceberg, va rapidement remonter à la surface. Et c’est bien car l’avortement est une réalité qu’il faut prendre en compte.

Ce n’est pas en prétendant que l’avortement n’existe pas, en l’interdisant ou en le soumettant à des conditions restrictives que l’on diminue sa prévalence. C’est en réduisant le nombre de grossesses non désirées par des politiques de prévention adéquates que le recours à l’IVG peut diminuer. C’est le propre des pays où l’IVG est légale où le libre choix est laissée à la femme dans une certaine limite de temps qui est généralement de 12 semaines.

C’est pourquoi le Planning Familial appuie et reprend à son compte la résolution adoptée le 16 avril 2008 par l’Assemblée Parlementaire du Conseil de l’Europe (47 pays membres pont le Luxembourg représentant 800 millions d’habitants).

L’Assemblée Parlementaire invite les Etats membres du Conseil de l’Europe :
1. à dépénaliser l’avortement dans les délais de gestation raisonnables si ce n’est déjà fait;
2. à garantir l’exercice effectif du droit des femmes à l’accès à un avortement sans risque et légal;
3. à respecter la liberté du choix de la femme et à offrir les conditions d’un choix libre et éclairé, sans promouvoir particulièrement l’avortement;
4. à lever les restrictions qui entravent, en fait ou en droit, l’accès à un avortement sans risque, et notamment à prendre les mesures nécessaires pour créer les conditions sanitaires, médicales et psychologiques appropriées, et pour assurer une prise en charge financière adéquate;
5. à adopter, concernant les droits et la santé en matière de sexualité et de procréation, des politiques et des stratégies appropriées fondées sur des faits, pour garantir la poursuite des améliorations et de l’expansion d’un type d’éducation et d’information sur la sexualité et les relations interpersonnelles dans lequel les jugements n’entrent pas en ligne de compte, ainsi que des services de contraception, grâce à une augmentation des investissements à partir des budgets nationaux visant à améliorer les régimes de santé, les fournitures pour la santé reproductive et l’information;
6. à assurer l’accès des femmes et des hommes à une contraception – et à des conseils en matière de contraception – de coût raisonnable, adaptée et choisie;
7. à instituer une éducation sexuelle et relationnelle obligatoire des jeunes, adaptée à leur âge et à leur sexe (entre autres, à l’école), afin d’éviter les grossesses non désirées (et donc les avortements);
8. à promouvoir une attitude plus favorable à la famille dans les campagnes d’information publiques et à fournir des conseils et un soutien concret pour aider les femmes qui demandent un avortement en raison de pressions familiales ou financières.

Jusqu’au mois de mai, le Planning Familial vous donne un rendez-vous mensuel pour annoncer le programme.

Dès aujourd’hui, sur notre site www.planningfamilial.lu, vous pouvez donner votre avis sur la nécessité de libéraliser la loi sur l’interruption volontaire de grossesse à l’image de nos voisins.

Et voici d’ores et déjà quelques dates à retenir :

  • Le 24 mars, à l’Utopia, nous vous invitons à une soirée cinéma-débat avec le film de Claire Simon « Dans les bureaux de Dieu », France 2008
  • Le 20 avril, nous organisons une journée de réflexion sur le thème : « 30 ans après la loi de novembre 1978 relative à l’information sexuelle, la prévention de l’avortement clandestin et la réglementation de l’interruption de grossesse : bilan et perspectives »

MERCI DE VOTRE INTERET

Danielle Igniti, présidente
Catherine Chéry, directrice exécutive

Latest video

EWL event "Progress towards a Europe free from all forms of male violence" to mark the 10th aniversary of the Istanbul Convention, 12 May 2021.

Facebook Feed

Get Involved