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Bannir la prostitution? On y pense

Ch. Ly.

Le Lobby européen des femmes veut étendre le modèle suédois à l’UE.

Le Lobby européen des femmes (LEF) a lancé vendredi à Bruxelles une campagne pour l’abolition de la prostitution. S’inspirant du modèle suédois, qui sanctionne le client depuis 1999, il entend ouvrir un débat public sur ce qu’il considère comme "une forme sérieuse de violence contre les femmes ", qui doit être bannie.

Le LEF (www.womenlobby.org) est la principale coordination européenne des femmes, avec près de 2500 associations dans une trentaine de pays. Créé en 1987 à Londres, il est aussi l’un des lobbies les plus anciens auprès de l’Union européenne (UE).

Le principal outil de cette campagne est un clip vidéo réalisé par le Belge Patric Jean et la Française Frédérique Pollet Rouyer, que le mouvement espère faire diffuser par les télévisions des Etats membres, et, à défaut, sur le web.

Le clip, très cru mais aussi très efficace, montre des clientes défilant chez un gigolo qui alterne, par dégoût, cunnilingus et brossage de dents. "J’ai eu l’idée de ce film à la suite des débats qui ont suivi mon film précédent, "La Domination masculine", explique Patric Jean. Toutes les questions tournaient autour de la prostitution, même si ce n’était pas l’objet du film. Et beaucoup d’hommes se posaient la question de la liberté de la femme sur son corps. Je leur répétais : et si vous étiez à leur place, quand seriez-vous dégoûtés ?"

Les abolitionnistes estiment que la prostitution n’est pas basée sur un rapport égal entre les hommes et les femmes et qui, même si elle est rétribuée, symbolise la violence que les premiers exercent en général sur les secondes. "Nous parlons d’une situation où la moitié de la population a le droit d’acheter l’autre", estime Pierrette Pape, coordinatrice du projet au sein du LEF.

De nombreuses études montrent que la prostitution se développe dans un climat de violences aux femmes, victimes de trafic d’êtres humains. De nombreuses prostituées ont aussi subi des viols dans leur enfance.

"Quand on voit que 90 % des femmes se livrant à la prostitution veulent quitter, cela devrait nous faire réfléchir, ajoute Viviane Teitelbaum, la présidente du Conseil des femmes francophones de Belgique. Il faudrait au moins un débat dans notre pays." La députée bruxelloise fait référence à une étude du Home office britannique ("Paying the price", 2004) qui affirme que neuf prostituées sur dix voudraient quitter le système, mais s’en sentent incapables. Viviane Teitelbaum (MR) et Céline Fremault (CDH) concentrent pour le moment leur attention sur le projet d’ouverture d’un Eros Center à Seraing, mais rejoignent les objectifs à long terme de la plateforme européenne.

Selon le Lobby, l’interdiction ne vise pas à éradiquer la prostitution, mais à s’attaquer au proxénétisme, aux souteneurs, et à édicter en même temps une loi interdisant de payer pour avoir une relation sexuelle. Les abolitionnistes affirment ne pas craindre que les femmes tombent dans un monde plus glauque encore car l’expérience suédoise (copiée en Norvège et en Islande), montre qu’on assiste à une diminution de la prostitution et à un départ des réseaux mafieux du pays. "La Suède n’est pas un pays de puritains, dit Patric Jean, mais un pays où règne une grande liberté sexuelle."

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EWL event "Progress towards a Europe free from all forms of male violence" to mark the 10th aniversary of the Istanbul Convention, 12 May 2021.

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