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Un clip choc avec gigolo et cunnilingus pour dénoncer la prostitution

Pour faire évoluer les mentalités et surtout obtenir l’abolition de la prostitution en Europe, le Lobby européen des femmes (Lef) a produit un clip choc intitulé "Changeons de perspective", lequel a été présenté hier mercredi à l’Assemblée nationale lors d’une conférence de presse.

Ce clip d’une minute est une réalisation de Frédérique Pollet Rouyer, réalisatrice française, et de Patric Jean, réalisateur belge, qui avaient tourné précédemment un documentaire en 2007 "La domination masculine" que la critique avait applaudit.

Le clip, très percutant, met en scène un homme prostitué qui enchaîne les cunnilingus avec toute une série de femmes, contre de l’argent. La vidéo se termine par une interrogation et une question : "Si dix fois par jour je devais avoir des relations sexuelles avec des inconnues pour vivre, après combien de fois aurais-je la nausée ? Sans doute dès la première. C’est pourtant ce que vivent chaque jour les personnes prostituées. La prostitution, c’est de la violence. Moi, je ne veux pas en être complice. Et vous ? ".

Le Lobby européen des femmes (LEF) depuis des années travaille pour une Europe sans prostitution, comme il le précise sur son site. arguant que cette dernière est une forme grave de violence des hommes envers les femmes et un obstacle majeur à l’égalité dans nos sociétés entre ceux-ci.

En France, la mission parlementaire d’information sur la prostitution a émis 30 propositions en avril dernier (téléchargeable en ligne (PDF, 383 pages). Ce rapport propose de renforcer le soutien aux prostitué(e)s et de lutter contre la traite et le proxénétisme, mais il préconise également l’idée de pénaliser les clients, comme cela existe en Suède.

Cependant, la députée UMP de Seine-et-Marne Chantal Brunel dans son livre "Pour en finir avec la violence faite aux femmes" (éditions le Cherche-Midi) préconise, elle, une toute autre solution : la réouverture des maisons closes. Le 18 mars 2010, interrogée par Le Parisien, elle constate que sept ans après la loi Sarkozy de sécurité intérieure de 2003 contre le racolage, on a éloigné la prostitution du coeur des villes, mais qu’elle se retrouve cachée dans les bois, dans les sites Internet, et dans autant d’endroits où il est beaucoup plus aisé de détruire un être humain. D’ailleurs selon un sondage exclusif CSA pour "le Parisien - Aujourd’hui en France", 59% des français se déclaraient favorables à leurs réouverture.

Mais du côté du Syndicat du TRavail Sexuel (Strass), on s’insurge contre cette possible pénalisation et contre la campagne du LEF. Ce syndicat insiste notamment sur l’augmentation des violences constatées depuis la loi sur le racolage passif et redoute une flambée des infections sexuellement transmissibles et des violences si la répression se renforce, par exemple avec une pénalisation du client. Des militants du Strass ont d’ailleurs manifesté leur opposition à la campagne du LEF devant l’Assemblée Nationale. Ils ont dénoncé "la propagande sexiste et moraliste" du Lef et une "stigmatisation" des prostitué(e)s.

Le débat sur la prostitution fait rage depuis des années, et n’est pas près de s’éteindre. La loi Sarkozy a fait qu’elle a déserté les beaux quartiers, mais elle existe toujours et semble en situation de plus en plus précaire. Alors faut-il l’abolir comme le suggère le LEF ? Faut-il pénaliser les clients comme le préconise le rapport de la mission parlementaire et précédemment Roselyne Bachelot ? Ou bien faut-il réouvrir des maisons closes comme le conseille Chantal Brunel ?

Dans huit pays européens, c’est-à-dire les Pays-Bas, l’Allemagne, l’Autriche, la Suisse, la Grèce, la Turquie, la Hongrie et la Lettonie, la prostitution est légale et réglementée. En Belgique, la prostitution est tolérée, mais ceux qui y contribuent notamment les proxénètes sont punis.

La France est dans un système prohibitionniste qui hésite et qui tâtonne. Les membres du Strass refusent et s’opposent à un proxénétisme d’État ou d’entreprise c’est-à-dire les maisons closes. Ils demandent que les prostitué(e)s soient autorisé(e)s à se regrouper pour exercer leur activité dans des cabinets, coopératives, associations hôtelières à but non lucratif, etc.

Loin de l’image sordide dépeinte par les partisans de la pénalisation ou de l’abolition, les membres de ce syndicat revendiquent des droits et font des propositions politiques argumentées. Alors avant toutes décisions gouvernementales, il serait peut-être bon de les consulter !

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EWL event "Progress towards a Europe free from all forms of male violence" to mark the 10th aniversary of the Istanbul Convention, 12 May 2021.

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