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Une femme meurt tous les trois jours en France à cause de la violence conjugale

[Bruxelles, le 09 août 2012] Cent-vingt-deux, c’est le nombre de femmes mortes l’an passé du fait de la violence de leur compagnon ou ex-compagnon. Soit une tous les trois jours.

Le Ministère de l’Intérieur français a révélé le vendredi 03 août les chiffres de la violence conjugale en France: 122 femmes ont trouvé la mort en 2011 du fait de la violence de leur partenaire ou ex-partenaire. Le LEF félicite la France d’avoir publié ces chiffres, signe d’une volonté politique de dénoncer les violences faites aux femmes, et espère que d’autres pays européens s’en inspireront, pour que l’on puisse enfin appréhender le problème au niveau européen et développer une politique européenne forte.

Les données ont été recensées par la Délégation aux victimes pour le Ministère de l’Intérieur. Au total, ce sont 146 personnes qui ont perdu la vie suite à des violences conjugales. Les chiffres, bien qu’en légère baisse (28 décès de moins par rapport à 2010), révèlent les mêmes caractéristiques que ceux observés précédemment : dans près de 84% des cas (122 cas sur 146), il s’agit de femmes victimes de leur partenaire. La surreprésentation des femmes parmi les victimes de violences conjugales est donc une réalité. Sur 24 femmes auteurs d’homicides, 12 d’entre elles étaient-elles-mêmes victimes des violences de leur partenaire. A ces chiffres doivent aussi s’ajouter les effets à long terme de la violence conjugale, qui conduit des femmes à la dépression, voire au suicide.

Cette violence masculine persistante envers les femmes nécessite des politiques spécifiques qui s’inscrivent dans une perspective de genre pour répondre aux besoins des victimes. Sans chiffres, il est difficile d’attirer l’attention des responsables politiques et de développer des réponses adéquates. Pour ce faire, le LEF encourage une plus large diffusion des données sur les violences conjugales en France et dans l’Union Européenne ainsi que le financement et la mise en œuvre de Plans d’Action Nationaux dédiés à la lutte contre les violences faites aux femmes : lignes téléphoniques gratuites 7j/7, refuges en quantité suffisante, personnel formé et entraîné, etc.

Les chiffres du Ministère de l’Intérieur représentent une ressource importante qui se fait encore trop rare dans l’Union Européenne. Ces données, qui doivent être mises à jour autant que possible, permettent en effet de saisir l’ampleur et la nature des violences conjugales, un phénomène qui reste trop souvent confiné dans le huis clos familial et qui fait l’objet de réponses politiques peu nombreuses ou mal adaptées. En outre, les études sur les violences conjugales sont régulièrement récupérées par divers partisans du masculinisme, un mouvement qui défend la position dominante des hommes et qui vise à décrédibiliser les efforts et les victoires des associations féministes. Les masculinistes donnent une lecture egocentrique des chiffres, qui, sortis de leur contexte, sont utilisés à tort et à travers dans le but de démontrer qu’il y a autant de victimes hommes que de victimes femmes dans les cas de violences conjugales. Cette tendance est très problématique parce qu’elle se concentre sur des situations individuelles et ne se réfère pas à une analyse sociétale des relations de pouvoir entre les femmes et les hommes ; elle a également un impact négatif sur l’utilisation du concept de « victime » étant donné que des mouvements d’hommes essaient de l’utiliser pour n’importe quelle situation individuelle, en dehors de tout contexte social.

Ces attaques virulentes ne doivent en aucun cas occulter la condition des femmes battues, au risque de décourager les initiatives politiques visant à les protéger. La lutte contre les violences envers les femmes est une lutte légitime et nécessaire. En mobilisant les sphères politiques, sociales et éducatives, elle prend en charge les victimes et les coupables, et œuvre à la protection de toute la cellule familiale, y compris des enfants, victimes collatérales des violences conjugales [1].
Enfin, le LEF espère que ces chiffres ne sont que les premiers d’une série d’autres données sur les autres formes de violences faites aux femmes, comme le viol, les violences sexuelles au travail, etc. A suivre, donc…

[1Selon les chiffres du Ministère, 11 enfants sont morts des suites de violences conjugales en 2011.

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