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Résumé – Débat: «Comment placer l’égalité femme-homme au cœur de l’agenda post-2015 du développement?» (18 mars 2014, Bruxelles)

[Bruxelles, 14 avril 2014] Le mardi 18 mars, dans les locaux de Science14 Atrium à Bruxelles, PubAffairs Bruxelles a organisé un débat sur comment placer l’égalité femme-homme au cœur du nouveau programme de développement pour l’après 2015. L’événement était modéré par Mme Keiko Nowacka, Coordinatrice du Programme Genre du Centre pour le développement de l’OCDE, et participaient à titre d’orateurs Mme Dagmar Schumacher, Directrice du Bureau de liaison ONU Femmes à Bruxelles, Mme Sabine Kakunga, représentante du Monde selon les femmes et chargée de l’Afrique centrale pour le CNCD, et M. Cristian Dan Preda, député européen.

En guise d’introduction, Mme Nowacka a présenté les orateurs, le sujet et les enjeux de la question féminine au niveau mondial, soulignant plus particulièrement l’importance de la discussion en cours au sein de la 58ème Commission de la condition de la femme de l’ONU sur les « Difficultés rencontrées et résultats obtenus dans la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le Développement en faveur des femmes et des filles – La voie à suivre » et l’élaboration du nouveau programme de développement pour l’après 2015. Elle a expliqué que, parmi les huit objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), celui dédié à l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes avait obtenu des résultats mitigés, en raison peut-être d’un mauvais choix des indicateurs ou un manque de financement. L’enjeu dans le cadre de l’agenda post-2015, a-t-elle expliqué, est dès lors le suivant: « la problématique de l’égalité entre les sexes devrait-elle faire l’objet d’un objectif de développement autonome ou être absorbée au sein d’autres objectifs? ».

C’est cette même question qu’elle a ensuite posé à l’auditoire qui s’est révélé très partagé.

Mme Schumacher est le premier orateur à avoir pris la parole, remarquant que ce débat avait lieu à un moment très opportun, les discussions sur les défis de la mise en œuvre des OMD étant en cours à New York. Elle a ensuite mis en lumière le fait que l’introduction des OMD a permis d’obtenir des résultats importants, notamment en ce qui concerne l’éducation primaire, mais qu’elle avait connu des échecs, notamment dans le domaine de la santé maternelle, et que certaines dimensions de la condition de la femme avaient été oubliées, comme, par exemple, la violence contre les femmes et les services soins non-rémunérés. Selon elle, le nouveau programme pour l’après 2015 devrait adopter une approche transformatrice et devrait être universel.
Mme Kakunga a commencé son intervention en remarquant qu’il est difficile de trancher entre objectif global et intégration dans des objectifs spécifiques et que son expérience au niveau des institutions internationales lui a fait comprendre que la question stratégique pour les pays en développement est la lutte contre la pauvreté, cause de discrimination des femmes. Selon elle, l’approche à adopter doit être fondée sur les droits. Il s’agit de défendre les droits globaux sans oublier le droit des femmes ni opposer les différents droits les uns aux autres.

M. Preda a rappelé le rôle de force motrice que jouent les femmes en matière de développement. Selon le député européen, sans jouissance complète des femmes de leurs droits, il ne peut y avoir de réalisation des objectifs de développement durable, le potentiel des femmes comme force motrice de développement est encore inexploité, par conséquent, l’exclusion de la question féminine dans la réalisation des objectifs risque d’engendrer un échec. Résumant les éléments du débat au niveau européen, M. Preda a expliqué que le Parlement et les institutions de l’UE ont largement traité de la question de l’égalité femme-homme, donnant l’impulsion nécessaire au débat de sorte qu’il soit repris au niveau international et au niveau des États membres.

L’action de l’UE, qui est couramment encadrée par la stratégie 2010-2015 pour l’égalité entre les femmes et les hommes, vise à faciliter l’intégration de cette question de façon cohérente dans les politiques de l’Union, y compris dans sa politique extérieure et tout spécialement pour ce qui a trait à la lutte contre la pauvreté, comme stipulé dans le consensus européen pour le développement.

Les domaines d’action qui ne seront pas repris sous le programme post-2015 ne pourront être financés. La modératrice s’est donc tournée vers les orateurs pour qu’ils indiquent les sujets qu’ils voudraient voir figurer dans le programme post-2015 au-delà de l’égalité femme-homme. Mme Schumacher a mis en avant trois domaines: la violence contre les femmes, l’égalité de capacité via l’accès aux ressources comme la santé, le crédit et la terre, ainsi que l’égalité au sein des entités de prise de décisions, qu’il s’agisse d’institutions publiques ou privées. Mme Kakunga a relevé l’importance de la lutte contre les violences faites aux femmes, sans distinction entre violence domestique et violence en temps de guerre, l’accès à la formation et à l’information, ainsi que l’accès aux endroits de prise de décisions via la mise en place de quotas par exemple. L’accès à la formation et à l’alphabétisation est crucial : il s’agit de fournir aux femmes une connaissance sur leurs droits et ainsi de leur permettre de les faire respecter. Mme Kakunga a également remarqué qu’il y avait partout des femmes capables et qu’il était inconcevable qu’on aborde des questions qui les concernent sans qu’elles ne soient représentées. Enfin, M. Preda a mis l’accent sur les effets positifs que pourrait engendrer la participation des femmes aux processus décisionnels sur la lutte contre la violence envers les femmes.

Le débat a également porté sur l’identification d’indicateurs pertinents qui permettent de mesurer les transformations. Mme Schumacher a affirmé que l’organisation pour laquelle elle travaille ainsi que plusieurs autres organisations internationales ont commencé à travailler sur cette question et que l’approche en matière de statistiques doit changer : une révolution en matière de données est nécessaire pour aboutir à une réelle transformation. Mme Kakunga a souligné la difficulté de produire des indicateurs précis et vérifiables et que les pays en développement n’ont parfois pas les moyens de financer des études. De plus, selon elle, ces indicateurs ne suffisent pas et sont parfois difficiles à obtenir et il conviendrait de développer des indicateurs non chiffrés mais réalistes. Par exemple, il est assez aisé de vérifier la participation des femmes aux débats locaux. M Preda a relevé la non-pertinence de certaines comparaisons entre pays, faisant remarquer que l’analyse des résultats exige une connaissance des situations locales et des représentations politiques liées aux problèmes de société. Il a enfin conclu la série d’interventions en appelant à moins de rapports et à plus de mise en œuvre.

Durant la dernière partie du débat et notamment la session de questions-réponses, les discussions ont tourné autour des bénéfices économiques de l’égalité femme-homme, des stratégies pour mieux promouvoir les droits de femmes et des conséquences de la crise économique sur les conditions des femmes. Interrogé pour la deuxième fois sur la question préliminaire, le public est resté divisé. Les intervenants ont alors remarqué qu’il était possible d’aboutir à un texte où l’égalité des sexes serait à la fois un objectif autonome et un objectif intégré au sein d’autres objectifs

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