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Alger et Tunis féminisent leurs assemblées, Le Caire inquiète

[Les Nouvelles News, le 15 septembre 2011] L’Algérie adopte des quotas pour faire davantage de place aux femmes lors du prochain scrutin législatif. La Tunisie, elle, vise la parité. En Égypte, en revanche, pas de progrès en vue. Tour d’horizon avant les prochaines élections dans ces trois pays.

Des quotas pour féminiser la politique algérienne. Toute liste de candidats aux élections législatives (mais aussi au scrutins des assemblées départementales et des conseils municipaux dans les villes de plus de 20 000 habitants) devront comporter au moins un tiers de femmes.

Cette disposition a été adoptée le 28 août en Conseil des ministres. A l’origine, un projet de loi déposé en juin 2009 par Nouria Hafsi, du Rassemblement National Démocratique, et Farida Illimi, du Front de Libération Nationale.

Mais en attendant les élections législatives, en 2012, cette décision fait encore débat en Algérie. Un tiers, ce n’est pas assez pour la députée Bousemaha Haouariya, citée par le site magharebia.com le 13 septembre : « Les listes des partis doivent comprendre le même nombre d’hommes et de femmes ». Pour autant, l’élue du Parti des Travailleurs conteste le système de quotas : « La compétence reste le premier critère lors du choix des meilleurs représentants du peuple au niveau des assemblées élues, abstraction faite du sexe », a-t-elle déclaré à l’ouverture de la session d’automne du parlement, le 4 septembre. Moussa Touati, secrétaire général du Front national algérien (FNA) juge même ce système « anticonstitutionnel ».

Du côté des associations pour les droits des femmes, « le texte est cependant accueilli plus favorablement », observe le site. Le Centre d’information et de documentation sur les droits de l’enfant et de la femme (Ciddef) militait depuis plusieurs années pour de tels quotas. Ils permettront de « donner une vision d’une assemblée populaire nationale reflétant la réalité de la société algérienne, composée de femmes et d’hommes » se réjouit l’avocate Nadia Ait Zai, sa directrice. Pour l’heure, trente femmes siègent à l’Assemblée nationale algérienne, qui compte 389 députés. Soit 7,7%, et une 119ème place au classement mondial des nations, selon l’ONU Femmes.

En Tunisie, la situation est déjà bien meilleure du point de vue de la parité. Avec 27,7% de femmes à l’Assemblée (elles sont moins de 20% en France) le pays se classait déjà parmi les 30 premiers au monde. Et l’Assemblée constituante, qui sera élue dans un mois, le 23 octobre, devrait comporter autant de femmes que d’hommes. Le nouveau gouvernement tunisien a en effet imposé un système d’alternance homme/femme sur les listes. Lorsque ce principe avait été adopté, en avril dernier, la représentante des Affaires étrangères de l’UE, Catherine Ashton, avait salué un « modèle d’innovation ». Restera à vérifier ce que cela donnera effectivement à l’Assemblée. En effet, la multiplication des petites listes pourrait conduire à ce que beaucoup ne comptent qu’un élu... la tête de liste, qui pourrait bien souvent être un homme.

En Egypte, des quotas pour les ouvriers et paysans

L’Égypte, qui a suivi la Tunisie dans la voie des "révolutions arabes", partait de beaucoup plus loin en matière d’égalité. Avec seulement 8 femmes parmi les 464 de l’Assemblée du peuple et 18 sur 263 dans l’autre chambre du Parlement, la Choura. Et le Conseil militaire qui dirige désormais le pays ne semble pas franchement déterminé à progresser. La nouvelle Constitution égyptienne se contente de prévoir « la présence de femmes dans les deux assemblées ». Un système de quotas existe, mais ne s’applique pas aux femmes : ce sont « les travailleurs et des paysans » qui occuperont la moitié des sièges de l’Assemblée du peuple.

Dès le lendemain de la révolution, des militantes des droits des femmes faisaient remarquer que le comité constitutionnel, première instance créée par les nouvelles autorités militaires, n’était composé que d’hommes. « Elles étaient là dans les manifestations place Tahrir. Mais maintenant, on le voit plus », rapportait en mars Michelle Bachelet, la directrice d’ONU Femmes. « Elles s’adressent aux partis politiques, qui leur répondent : "la situation est très instable, ce n’est pas le moment de parler des droits des femmes". »

L’administratrice du Programme des Nations Unies pour le développement laisse deviner les chemins divergents entre les révolutions tunisienne et égyptienne. En saluant, jeudi 15 septembre, la Journée internationale de la démocratie, Helen Clark consacre 6 lignes au rôle des femmes dans la vie politique en Tunisie, mais à peine une ligne à l’Égypte, pour indiquer simplement que le PNUD y est « présent pour aider le processus électoral et la réforme du secteur de la sécurité. »

Le contrôle du pouvoir par les militaires en Égypte n’inquiète pas seulement les militants des droits des femmes. Human Rights Watch relevait le 10 septembre que, depuis le mois de février, 12 000 civils ont été traduits devant les tribunaux militaires. Davantage qu’en 30 ans de règne de Moubarak. Les élections législatives devraient avoir lieu en novembre pour l’Assemblée, puis en janvier pour la Choura. Mais le Conseil militaire a déjà annoncé qu’il ne rendrait pas le pouvoir avant les présidentielles, prévues, sans plus de précision, pour l’année prochaine.

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