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France : Plus de 220 travailleurSEs du secteur social forméEs sur la réalité du système prostitutionnel

[Paris, 13 juin 2013] Plus de 220 professionnel-le-s du secteur social se sont retrouvés jeudi 13 juin à Bobigny pour une journée d’étude intitulée ‘Prostitution, changeons de regard’. Le Lobby européen des femmes y a présenté la situation en Europe, les actions des associations au niveau national et européen, mais aussi la parole des survivantes au travers de la projection du film ‘Not for sale’. A l’initiative du Conseil général de Seine Saint Denis et de la Déléguée départementale aux droits des femmes et à l’égalité Sylviane Le Clerc, la journée avait pour objectifs d’outiller les professionnel-le-s par rapport au phénomène prostitutionnel, à la fois en termes de compréhension de sa réalité, mais aussi en termes de prévention, de formation et d’accompagnement.

Le département de la Seine Saint Denis est une collectivité pionnière sur la question de la prostitution : depuis 1998, des formations sont proposées sur le sujet, en partenariat avec l’Amicale du Nid, auprès des professionnel-le-s : assistants sociaux des services sociaux, assistants sociaux en milieu scolaire, infirmières scolaires, éducateurs-trices spécialisé-e-s, professionnel-le-s de la protection maternelle et infantile... La question des violences faites aux femmes est une priorité depuis de nombreuses années dans le département, et a intégré la prostitution, notamment dans la campagne de sensibilisation ’Des hommes s’affichent contre les violences faites aux femmes’.

La journée a débuté par un rappel des différentes approches juridiques et sociales de la prostitution : Étienne Laurent, de l’Amicale du Nid 93, et Pierrette Pape, chargée de politiques du LEF, ont présenté les différents régimes juridiques en Europe et leur évolution (ici la présentation de Pierrette Pape). Bilan des politiques suédoise et néerlandaise, mais aussi ouverture d’écoles de prostitution en Espagne, banalisation de la prostitution en Belgique au travers d’émissions radios laissant la parole aux proxénètes, méga-bordels en Allemagne ou en Autriche alimentés par la traite… : autant d’éléments qui soutiennent une approche abolitionniste de la prostitution, basée sur la reconnaissance du phénomène comme violence masculine, mais aussi comme marché mondial profitant d’une demande banalisée.

Pierrette Pape a également projeté les clips de sensibilisation du LEF : ‘Sport, Sex & Fun’ pour alerter sur les dynamiques de justification de la prostitution dans les contextes d’événements sportifs ; ‘Changeons de perspective’ pour interpeller les hommes et les jeunes sur la réalité de la prostitution à partir d’un renversement des rôles. Diverses campagnes de sensibilisation ont été présentées, à destination des hommes dans différents pays. Le film ‘Not for sale’ a permis de donner la parole aux survivantes de la prostitution.

La France a mis en place depuis janvier une mission interministérielle pour la protection des femmes victimes de violences et la lutte contre la traite des êtres humains (MIPROF), qui vise à coordonner les efforts à tous les niveaux. Ernestine Ronai en est la coordinatrice nationale, tout en étant responsable de l’Observatoire départemental des violences envers les femmes ; elle est intervenue sur la prostitution comme violence faite aux femmes. Elle a rappelé qu’ « il ne faut jamais passer son tour », en mentionnant la réalité de certains foyers de travailleurs migrants où la prostitution est autorisée et organisée : toute situation de proxénétisme doit être dénoncée, car le système pénal français est très bien armé pour y répondre.

L’après-midi visait à présenter les actions et outils développés par l’Amicale du Nid en termes de prévention, formation et accompagnement. Philippe Andres, de l’Amicale du Nid 34, a présenté la grille de lecture de l’association sur les processus prostitutionnels : ont été identifiés une série de facteurs fragilisants (liés au contexte personnel, au contexte social et aux problèmes relationnels intrafamiliaux) et de facteurs déclenchants (comme la pornographie, la fugue, la précarité financière, les conduites addictives ou la difficulté d’accès au logement). Le facteur fragilisant le plus courant, mentionné par les professionnel-les dans leurs rencontres avec les personnes prostituées, reste la manque d’amour. Un extrait de l’outil Itinéraire Bis a été présenté : il s’agit de six courts-métrages présentant des situations mettant en évidence le risque prostitutionnel et permettant de discuter avec les jeunes de leur réalité, leurs besoins et leurs solutions.

Trois travailleuses sociales, Sylvie Defix, Cristina Da Costa et Coralie Bonnet, ont ensuite présenté les formations proposées par le département sur la prostitution, en donnant des exemples concrets quant aux apports de la formation : pouvoir détecter les situations dans leur travail, suivre les personnes, faire des liens entre services… Pour elles, le défi principal de ces formations est de travailler ses représentations sociales sur la prostitution et de se détacher du sensationnalisme véhiculé par les médias. La journée s’est terminée par la présentation par Patricia Léger, de l’Amicale du Nid 93, des services proposés par l’Amicale du Nid, de l’action d’urgence à l’aide au logement, en passant par l’accompagnement à l’insertion.

Pour en savoir plus, cliquer ici.

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