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Le Lobby Européen des Femmes se prépare à souffler ses vingt bougies

En 1987, 120 femmes se réunissent à Londres pour poser la première pierre de ce qui deviendra le Lobby Européen des femmes (LEF). A peine crée, il fédère 85 organisations et représente quelques 50 millions de personnes…côté chiffres, leur initiative avait donc déjà quelques arguments à faire valoir. Le lobby s’est depuis imposé en Europe comme l’un des principaux acteurs de la défense des intérêts des femmes, et bénéficie à ce titre du soutien de la Commission Européenne depuis 1990. En octobre prochain, cette organisation fêtera donc ses vingt ans. Débats interactifs, expo photos, concerts et lancement d’un magazine, La féministe du 21ème siècle… le LEF n’est pas à court d’idées. Entretien avec Leanda E. Barrington-Leach, Chargée de communication basée à Bruxelles.

Pour quelles raisons exactement votre lobby a-t-il vu le jour?

Le LEF fut crée à la suite d’une prise de conscience quant à la nécessité de défendre les intérêts des femmes au niveau européen. Au cours des années 80, le champ d’activités de l’UE s’est sensiblement étendu, touchant des domaines ayant un impact direct sur la vie quotidienne des femmes. Il est devenu urgent pour ces dernières et pour leurs organisations de participer à des programmes établis par l’Union, et de se familiariser avec la législation européenne les concernant.

En quoi votre mouvement aide les dirigeants européens à prendre des décisions ?

La création d’une telle organisation et sa fonction de lobby correspondent aussi au caractère particulier et au processus décisionnel au sein de l’UE : les modes de décisions permettent un espace pour la création de nombreuses organisations qui représentent toutes sortes de groupes d’intérêt et de catégories de la société civile. Divers secteurs économiques ainsi que les syndicats, les groupements professionnels et sociaux sont aussi concernés. Ces organisations ont répondu à un besoin réel de la part des institutions européennes. Car contrairement aux idées reçues, le nombre de fonctionnaires européens est relativement faible. Les institutions doivent donc souvent faire appel à des experts dans le cadre de leur travail, notamment en raison de la diversité des populations des États membres et des législations.

Vous expliquez aussi qu’à Bruxelles, un lobby est utile à la démocratie.

Puisque les décideurs européens ne sont pas directement élus par les citoyens (à l’exception des membres du Parlement européen), la création d’une organisation telle que le LEF correspond également à la nécessité de combler le déficit démocratique entre les institutions de l’UE et les citoyens européens.

La fondation du LEF est donc liée à l’émergence d’une nouvelle forme d’espace public au niveau européen et une nouvelle forme d’interaction entre les citoyens et les responsables politiques. Les activités du LEF répondent en fait à deux types de besoins: premièrement, informer les politiques et programmes européens et assurer l’intégration d’une perspective de genre. Ensuite, promouvoir la participation des femmes et des organisations de femmes au niveau européen.

Le LEF joue ainsi un double rôle en tant que lien entre les organisations féminines et les institutions européennes, en facilitant le dialogue et les échanges entre citoyens et décideurs européens. En raison de son statut consultatif au Comité économique et social des Nations Unies et au Conseil de l’Europe, le LEF joue un rôle déterminant au niveau international.

Quelles sont les activités programmées pour la rentrée?

Nous serons sur plusieurs fronts à la fois : la Directive «maternité» devant être de nouveau à l’agenda du Parlement européen en automne, nous devrons accélérer notre travail de lobbying, qui a commencé sur ce sujet il y a déjà deux ans. Nous avons un appui assez fort des députés pour assurer 20 semaines de congé maternité, mais nous avons toujours du travail pour avoir un accord sur la rémunération complète au niveau du dernier salaire.

Autre dossier, l’Année européenne contre la pauvreté et l’exclusion sociale. Les femmes sont davantage concernées par le risque de pauvreté que les hommes : nous travaillons étroitement avec la Commission européenne et nos partenaires pour que cette réalité soit mieux prise en compte.

Et puis nous attirons toujours l’attention sur la violence envers les femmes, qui ne fait l’objet d’aucune législation européenne à ce jour. Des progrès ont été constatés au cours de la Présidence espagnole de l’UE pour mettre cette question à l’agenda au niveau européen, et nous espérons bientôt voir une Stratégie européenne se mettre en place.

Enfin le 15 octobre, le LEF fêtera ses 20 ans ainsi que les avancées acquises au cours de ces deux décennies en matière des droits des femmes en Europe. Sur le thème du « Féminisme du 21ème siècle », nous organiserons une grande soirée à Bruxelles en présence de décideurs politiques européens et nationaux, d’experts, de militantes, de partenaires et de membres du grand public. Au programme : débats interactifs, expo photos d’œuvres de jeunes féministes, remise de prix, concerts et lancement du magazine du LEF « La féministe du 21ème siècle »…

Quelles sont aussi les actions dont vous êtes le plus fiers cette année, ou bien celle qui a le plus porté ses fruits?

En mars 2010, le LEF a lancé à New York son rapport sur les activités de l’UE pour la mise en œuvre de la Plateforme de Pékin au cours des cinq dernières années : «Pékin-Bruxelles : un voyage inachevé», consultable sur internet. Ce rapport détaillé a été très bien reçu à Bruxelles, et nous espérons voir un grand nombre de ses recommandations mises en œuvre au cours des années à venir.
Au cours des premiers six mois de 2010, nous avons aussi tissé une coopération étroite avec la Présidence espagnole pour avancer le combat contre la violence envers les femmes. Cette coopération aboutit à l’adoption de Conclusions européennes fortes demandant une Stratégie européenne à cet égard. Plus immédiatement, en juin le Conseil s’est accordé sur une loi qui protègera les victimes de violence alors qu’ils, et surtout elles, traversent les frontières européennes. Ceci qui constituera le premier cas de législation européenne en la matière.

Nous sommes enfin très fières du succès rencontré par le concours photo sur le thème du «Féminisme du 21ème siècle» que le LEF a lancé à l’occasion de la Journée internationale des femmes le 8 mars, dans 30 pays européens. Des centaines de jeunes photographes ont réfléchi au sens du féminisme et au rôle des organisations de femmes aujourd’hui. Les résultats démontrent que les jeunes européennes ont conscience des défis et sont optimistes pour l’avenir. Elles se montrent aussi prêtes à s’engager. Le magazine que nous publierons en octobre, l’exposition « ambulante » de part l’Europe des photographies gagnantes du concours photo en 2011, ainsi qu’un clip vidéo que le LEF produira l’année prochaine, assureront par ailleurs la continuation de cet exercice de dialogue avec les citoyens européens, les jeunes en particulier, pour avancer ensemble les droits des femmes et l’égalité entre les femmes et les hommes.

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EWL event "Progress towards a Europe free from all forms of male violence" to mark the 10th aniversary of the Istanbul Convention, 12 May 2021.

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