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TRIBUNE. Pour faire de l’égalité femmes-hommes la grande cause de la présidence française de l’UE

This article was originally published in Le Journal du Dimanche.

Plusieurs élus, personnalités et membres d’ONG réclament, à la veille de la journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, que l’égalité femmes-hommes devienne la grande cause de la présidence française de l’UE, qui débute le 1er janvier 2022.

Voici leur tribune: "En Europe, une femme sur trois a subi des violences. C’est inacceptable. Une femme sur deux a été harcelée sexuellement. C’est intolérable. Une femme sur vingt a été violée. C’est insoutenable. En ce 25 novembre, Journée internationale de l’élimination des violences faites aux femmes, nous appelons solennellement le président de la République à faire de l’égalité entre les femmes et les hommes la grande cause de la présidence de l’Union européenne.

Au premier janvier, la France prendra la présidence tournante du Conseil de l’Union européenne. Cette position lui permettra d’orienter les travaux législatifs européens. Sa diplomatie féministe s’est puissamment affirmée avec le G7 de Biarritz en 2019. Elle a été mondialement confirmée avec le Forum Génération Égalité en 2021. Cette occasion européenne de poursuivre notre action internationale pour l’égalité entre les femmes et les hommes est immanquable. Si le sujet est laissé au second plan à Bruxelles, c’est à Paris de le remettre en haut de la pile. Si le défi est délaissé par de nombreuses capitales conservatrices, c’est à Paris de le relever.

"La France peut œuvrer pour la création d’une formation du Conseil de l’Union européenne dédiée à l’égalité des genres."

Et pour cause : la progression vers l’égalité est extrêmement lente en Europe. Selon l’Institut européen pour l’égalité entre les hommes et les femmes, nous atteindrions l’égalité en 2080 (et c’est sans compter les conséquences du COVID sur les droits des femmes et leur autonomie économique !). Paris doit continuer sa diplomatie féministe, de Budapest à Berlin, de Rome à Dublin, de Varsovie à Madrid.

Les textes européens pour faire progresser les droits des femmes font systématiquement l’objet de résistances. L’exemple le plus emblématique est celui de la Convention d’Istanbul. Ce texte - qui est pourtant une référence mondiale en matière de prévention et de lutte contre les violences faites aux femmes - a été signé par l’Union, mais pas ratifié, faute d’unanimité au Conseil. Pour contourner l’obstacle, la Commission s’apprête à proposer une directive sur les violences faites aux femmes, proposition que nous souhaitons la plus ambitieuse possible. Toutefois, quel sera le sort de cette directive alors qu’elle sera, elle aussi, soumise à un vote à l’unanimité des États membres?

Ces blocages politiques, qui freinent le progrès vers l’égalité des genres, résultent d’un constat clair : les ministres chargés de l’égalité des genres de l’Union n’ont pas d’enceinte pour se rencontrer, travailler et légiférer ensemble. En 2021, cela n’a plus de sens. Crise financière? L’Eurogroupe réagit immédiatement avec tous les ministres des Finances. Crise climatique? Les ministres de la Transition se parlent régulièrement. Crise diplomatique? Les ministres des Affaires étrangères se retrouvent rapidement. Augmentation des féminicides et des violences faites aux femmes dans l’Union européenne? Rien ne se passe à Bruxelles. Qu’en est-il de ce sujet fondamental de l’égalité des genres qui concerne la dignité des 270 millions de citoyennes européennes? La France - pour qui le féminisme est un humanisme - peut changer cela : elle peut œuvrer pour la création d’une formation du Conseil de l’Union européenne dédiée à l’égalité des genres, comme l’a demandé le Parlement européen en décembre dernier.

"Nous comptons sur vous pour que la présidence française de l’Union européenne contribue à faire advenir cette "Génération Égalité""

Par-delà le sujet des violences, qui nous préoccupe particulièrement en ce 25 novembre, ce sera un outil efficace pour que toutes les politiques européennes tiennent compte de la représentation équitable à laquelle les femmes ont droit et de l’autonomie économique qu’elles méritent. Ce Conseil des ministres de l’égalité des genres sera un outil décisif pour veiller à ce que la relance européenne, le plan Next Generation EU, corresponde à l’objectif de la Génération Égalité : "This recovery should be a SheCovery!" a-t-on entendu au G20 de Rome qui s’est pleinement saisi du sujet grâce à nos alliés italiens qui en présidaient les travaux. Si l’égalité est une valeur fondamentale de l’Europe, la reprise post-covid doit être égalitaire. Chaque euro investi dans l’avenir de l’Union doit servir autant les intérêts des femmes et des filles que des hommes et des garçons.

Monsieur le Président, le 30 juin dernier, Ursula von der Leyen ouvrait à vos côtés le sommet d’ONU Femmes que vous présidiez au Louvre avec ces mots : "Nous sommes ici car une même volonté nous unit, celle d’atteindre la pleine égalité pour toutes les femmes ; et pour cela nous allons prendre des engagements concrets pour plus de progrès plus vite".

Nous comptons sur vous pour que la présidence française de l’Union européenne contribue à faire advenir cette "Génération Égalité" qui est au cœur de votre diplomatie féministe. C’est le rôle d’une Europe souveraine que de défendre cette ambition universelle pour la dignité de chaque être humain. C’est le vœu que nous formulons pour parachever la grande cause de votre quinquennat."

Les signataires :

Irène TOLLERET, Députée européenne ; Thomas FRIANG, Fondateur et Directeur général de l’Institut Open Diplomacy ; Isabelle RAUCH, Députée et Vice-présidente de la Commission des Affaires étrangères ; Jocelyne ADRIANT-MEBTOUL, Présidente de l’ONG La CLEF et Membre du Haut Conseil à l’Egalité ; Xavier IACOVELLI, Sénateur des Hauts-de-Seine, Délégué Général de Territoires de Progrès ; Tatiana F-SALOMON, Fondatrice et Co-présidente de #JamaisSansElles ; Céline CALVEZ, Députée des Hauts-de-Seine ; Chiara CORAZZA, Représentante de la France pour le secteur privé à la G20 Empower Alliance et Membre du Comité Économique et Social Européen ; et Dr. Sonia BECHET, Directrice de l’Institut Gaston Berger de l’INSA Lyon.

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EWL event "Progress towards a Europe free from all forms of male violence" to mark the 10th aniversary of the Istanbul Convention, 12 May 2021.

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