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Journée des droits humains 2010: défenseurs-euses des droits humains qui agissent pour mettre fin à la discrimination

[Bruxelles, le 10 décembre 2010] Le thème de la journée des droits de humains cette année est « défenseurs-euses des droits humains qui agissent pour mettre fin à la discrimination ». La discrimination à l’égard des femmes est la forme la plus répandue de discrimination au sein des sociétés à travers le monde. Comme note la Haute Commissaire pour les droits humains, Navi Pillay, dans son intervention reproduite ci-dessous, 70% de ceux qui sont privés d’éducation de base à travers le monde sont des filles. Aujourd’hui, le LEF souhaite rendre hommage à toutes celles et ceux qui agissent pour défendre les droits fondamentaux des femmes dans le monde entier.

Déclaration de Navi Pillay, Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme - Journée des droits de l’homme 10 décembre 2010

Depuis la création des Nations Unies il y a plus de 60 ans, des progrès spectaculaires ont été réalisés dans l’élaboration et la mise en œuvre d’un système de droits de l’homme universel – des droits qui sont, en vertu du droit international, applicables à tous et à chacun d’entre nous: jeunes et vieux, hommes et femmes, riches et pauvres, qui que nous soyons et d’où que nous venions.

Nous connaissons bien les noms de certains de ceux qui ont changé l’histoire des droits de l’homme: ceux qui étaient à l’avant-garde de la lutte pour l’abolition de l’esclavage, tel que William Wilberforce; celles qui ont obtenu des avancées majeures pour les droits des femmes, telles que Gloria Steinem, Huda Shaarawi et Simone de Beauvoir. Nous connaissons aussi ceux qui ont combattu l’injustice du colonialisme comme le Mahatma Gandhi, et ceux qui - comme Martin Luther King, Nelson Mandela et Rigoberta Menchu - ont fait campagne pour mettre fin au racisme institutionnalisé et à la discrimination contre les minorités et les peuples autochtones.

Mais ces personnalités mobilisatrices n’auraient pas pu faire ce qu’elles ont fait sans l’aide de beaucoup d’autres dont les noms demeurent inconnus. Les efforts pour mettre fin à l’esclavage ont duré mille ans et se poursuivent encore aujourd’hui, des adultes et des enfants étant victimes du trafic sexuel et du travail forcé. Après une lutte incommensurable qui a duré plus de 150 ans, les femmes ont obtenu le droit de vote à peu près partout, mais beaucoup d’autres droits fondamentaux leur sont encore déniés.

Nous devons tous ces progrès aux efforts inlassables de centaines de milliers de héros sans nom, qui sont appelés collectivement défenseurs des droits de l’homme.

Ces défenseurs des droits de l’homme sont issus des milieux les plus divers, englobant des princesses et des hommes politiques, des professionnels comme des journalistes, des enseignants ou des médecins, et aussi des personnes peu ou pas scolarisées du tout. Etre un défenseur des droits de l’homme ne demande aucune qualification particulière. Seuls l’engagement et le courage sont nécessaires.

Nous pouvons tous être des défenseurs des droits de l’homme, et - compte tenu de ce que nous devons à ceux qui se sont battus pour des droits que nous considérons maintenant comme acquis - nous devrions tous être des défenseurs des droits de l’homme. Au moins, nous devrions faire tout ce qui est en notre pouvoir pour soutenir ceux qui défendent les droits de l’homme. Chaque année, des milliers de défenseurs des droits de l’homme sont harcelés, maltraités, emprisonnés injustement ou assassinés. C’est pourquoi la Journée des droits de l’homme 2010 leur est consacrée, ainsi qu’à leur combat courageux pour mettre fin à la discrimination sous toutes ses formes. Nous devons nous manifester pour défendre leurs droits comme eux le font pour les nôtres.

Des efforts internationaux sont déployés pour obtenir la liberté de certains de ces défenseurs injustement détenus. Les feux de l’actualité braqués sur eux peuvent leur apporter une protection importante, même si cela ne mène pas toujours à leur libération rapide. Mais la plupart de ceux qui sont détenus par des autorités répressives croupissent en prison, sont en résidence surveillée ou dans des "centres de rééducation", généralement sans qu’on le sache. Leurs familles sont souvent persécutées.

Certaines des personnes tuées - comme la journaliste russe Anna Politkovskaïa, assassinée devant son appartement en 2006, et Floribert Chebeya Bahizire, le défenseur congolais des droits de l’homme retrouvé mort dans sa voiture cette année – sont inscrites dans les mémoires et vénérées. Mais beaucoup de défenseurs moins connus assassinés en raison de leur foi dans les droits de l’homme demeurent anonymes pour le reste du monde.

Le travail des défenseurs des droits de l’homme est aussi vital aujourd’hui qu’il l’a jamais été, parce que des centaines de millions d’individus souffrent encore tous les jours, directement ou indirectement, de discrimination, sous quelque forme que ce soit.

Il y a environ 370 millions d’autochtones dans le monde, dont beaucoup sont victimes de discrimination. Même dans le monde développé, l’espérance de vie de certains groupes d’enfants autochtones nés aujourd’hui est de 20 ans inférieure à celle des enfants non autochtones.

Les minorités souffrent de disparités similaires. En Amérique latine, par exemple, les quelque 150 millions de personnes d’ascendance africaine sont bien plus affectées par la pauvreté que les autres secteurs de la population. De même, sur environ 650 millions de personnes handicapées, les deux tiers au moins (426 millions) vivent en dessous du seuil de pauvreté dans les pays en développement.

Les femmes - la moitié de la population mondiale – sont toujours victimes d’une discrimination endémique dans certaines sociétés. Dans d’autres sociétés, elles doivent faire face à une forme de discrimination plus subtile et plus pernicieuse. La plus alarmante des statistiques en la matière montre tristement que 70% des 70 à 100 millions d’enfants qui ne sont pas scolarisés sont des filles.

Environ 100 millions de personnes tombent dans la pauvreté chaque année parce qu’elles doivent payer pour des soins médicaux. Dans de nombreux pays, les enfants issus de milieux pauvres ont 10 fois moins de chances d’être vaccinés que ceux dont les parents sont plus riches. De même, les femmes pauvres ont jusqu’à 20 fois moins de chances que les 20% des femmes les plus riches d’accoucher en présence d’un professionnel de la santé capable de leur sauver la vie.

Plus de 200 millions de migrants dans le monde, et en particulier les migrants en situation irrégulière et sans papiers, sont confrontés au racisme, à la xénophobie et à d’autres formes chroniques de discrimination, que ce soit dans les pays développés ou en développement.

Tout ceci ne représente que quelques-uns des défis majeurs auxquels doivent faire face les défenseurs des droits de l’homme d’aujourd’hui et de demain. Je tiens à saluer leur détermination altruiste. Ils travaillent sans relâche dans tous les domaines énumérés ci-dessus et dans bien d’autres encore, parmi lesquels on peut citer l’orientation sexuelle, les droits des apatrides, des personnes âgées ou des personnes vivant avec le VIH.

Il nous manque toujours une statistique très importante: nous n’avons aucune idée du nombre exact de défenseurs des droits de l’homme ou du nombre d’entre eux qui sont intimidés, harcelés, battus, emprisonnés ou tués chaque année. Nous n’avons pas encore réussi à trouver comment mesurer les succès qu’ils ont remportés. Souvent, ces succès ne leur sont pas attribués, ils vont à des politiciens ou à des gouvernements qui les ont finalement écoutés ou qui ont dû céder à leur pression. Nous devons faire beaucoup mieux, beaucoup plus, pour assurer la défense de nos défenseurs.

Le 21ème siècle voit apparaître des forces économiques et politiques nouvelles, qui, comme d’autres avant elles, seront responsables de la promotion du développement au niveau national et international, tout en devant rendre des comptes sur leurs actions. Les défenseurs des droits de l’homme joueront un rôle crucial dans ce processus en soulignant les imperfections et les bénéfices des politiques et des actions présentes et futures. Pourtant, malgré tous les bienfaits qu’ils offrent à la société, ils sont confrontés dans certaines parties du monde à toujours plus de harcèlement, de persécution et de restrictions, notamment dans leur liberté d’expression.

En cette Journée des droits de l’homme, j’exhorte les gouvernements à reconnaître que la critique n’est pas un crime et à libérer tous ceux qui sont détenus pour avoir exercé pacifiquement leur droit fondamental à défendre les principes démocratiques et les droits de l’homme.

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