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Viviane Teitelbaum : "Le féminisme n’est pas désuet"

Viviane Teitelbaum est Présidente du Conseil des Femmes Francophones de Belgique et du Lobby européen des femmes. Alors qu’elle se trouve à New-York pour participer aux débats de la Commission de L’ONU sur le statut de la femme dans le monde, on fait le point sur l’utilité du féminisme d’aujourd’hui. 4 questions à l’occasion de cette journée consacrée aux droits des femmes.

Certains disent que les grands temps du féminisme sont derrière nous. Pour vous, une journée des droits des femmes, c’est encore utile aujourd’hui ?

C’est très utile dans le sens où ça permet de casser le mythe selon lequel on aurait les femmes auraient ce qu’elles voulaient ça et que l’égalité homme femme est atteinte ! Il faut des journées comme celle-ci qui contribue à la sensibilisation avec des accents mis sur différentes problématiques aigu, ça permet de casser cette fausse image. On est encore loin d’être égaux aujourd’hui, c’est un fait. Et ce dans pas mal de problématiques où les discriminations sont toujours très présentes l’emploi, la représentation dans les différents métiers, dans les média, par rapport aux violences.

Justement cette année, le débat au sein de l’ONU à l’occasion de la journée de la femme se concentre sur la lutte contre la violence faite aux femmes. Un combat que l‘on juge souvent comme du ressort des pays pauvre. Quelle est votre position ?

Les violence faites aux femmes sont une injustice énorme, un fléau social qui touche toutes les femmes de toutes les cultures, de toutes les conditions sociales. Dans le monde, une sur trois sera victime de violences au cours de sa vie. En Europe, 7 femme meurt en Europe pour cause de violence, c’est la cause de mortalité la plus élevée pour les femmes entre 15 et 44 ans. Il faut prendre conscience que c’est un problème qui touche de près ou de loin, la plupart des foyers.

Le 14 février, des centaines de femmes ont dansé à Bruxelles contre la violences faites aux femmes. L’action One Billion Rising à réunit des milliers de femmes dnas le monde.

Car même en Belgique, on touche une femme sur cinq en Belgique et chaque jour 8 plaintes pour viol sont déposées, une seule aboutie. On n’a pas encore les structures de soutien qu’il faut, on le voit dans toutes les conséquences qui en découlent, les blessures physiques et psychologiques et les causes, comme la prostitution... Il faut une approche globale de cette violence. La problématique n’est pas assez souvent soulevée dans les médias, certes on parle des femmes à l’occasion du 8 mars, de la journée contre la violence faite aux femmes ou du One billion rising, mais globalement le problème de fond n’est pas suffisamment mis en lumière.

Quel est le cheval de bataille qui vous préoccupe le plus ?

Personnellement, la première chose qui me tienne à cœur, c’est la transmission vers les plus jeunes femmes. Il faut aider à ce qu’elles prennent conscience que le féminisme n’est pas dépassé, que c’est ni un gros mot, ni rébarbatif. Au contraire, c’est quelque chose de dynamique de constructif qui contribue aux valeurs démocratiques. Très souvent, les jeunes femmes qui débutent leur vie de femme ont, soit l’impression que le féminisme est déplacé ou désuet, soit une image ringarde des féministes vues comme des hystériques, comme les suffragettes d’une époque révolue.

Je veux leur dire, faites attention, si à 20 ans on est égaux, les femmes ont un accès aux études, elles réussissent bien, elles ont une impression d’un monde qui leur appartient aussi, et plus tard, quand on est rattrapé par cette vie familiale, professionnel, ou les deux, on se rend compte de la problématique du féminisme. Appropriez-vous ce concept comme vous vous appropriez les combats antiracistes ou anti-homophobes, et ne vous laissées pas piégées par des emplois à temps partiels car cela fait partie du combat démocratique. Cette transmission, cette éducation aux jeunes femmes est primordiale pour le futur.

Face à des propos comme ceux de Carla Bruni Sarkozy* , quelle est votre réaction ?

C’est une bêtise ! Quand on est une femme plus privilégié avec un accès favorisé sur le plan économique, social et médiatique, on n’a peut-être plus besoin du féminisme pour s’épanouir et consolider sa vie professionnelle et familiale. Elle ne fait que contribue ce cliché qui est de dire qu’on en a plus l’utilité. Pensons déjà aux inégalités salariales ou des discriminations à l’embauche qui persistent dans nos pays, et à ces femmes qui sont venus aujourd’hui à l’ONU de pays du printemps arabes, de zones de combats (Mali, Congo, par exemple) et d’autres zones défavorisés, celles-ci ne peuvent que se sentir que désolidarisées par rapport à ce type de discours.

Quel conseil donneriez-vous aux femmes qui voudraient agir dans leur quotidien pour les autres femmes ?

Ce n’est pas facile quand on est seule de se défendre. Il faut prendre conscience si une à une les hommes et femmes font un pas, ça fera un effet plus fort. C’est une action collection que les femmes ne peuvent pas le faire sans les hommes. Il faut avoir un dialogue ouvert et constructif en permanence entre les hommes et les femmes.

Web : www.cffb.be et www.womenlobby.org

* On n’a pas besoin d’être féministe dans ma génération. Il y a des pionnières qui ont ouvert la brèche. Je ne suis pas du tout militante féministe. En revanche, je suis bourgeoise (…) J’aime la vie de famille, j’aime faire tous les jours la même chose. J’aime maintenant avoir un mari.

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EWL event "Progress towards a Europe free from all forms of male violence" to mark the 10th aniversary of the Istanbul Convention, 12 May 2021.

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